VIENNE, ville dart et dhistoire
Par Christèle Thibaud, dans ISÈRE-magazine de février 2004
Cest un petit morceau dItalie en
plein cur de lIsère, une ville unique par son
histoire, sa situation au bord du Rhône et la richesse de son
patrimoine. Hissée au prestigieux rang des villes dart et
dhistoire par la Direction de larchitecture et du
patrimoine du ministère de la culture, Vienne attire toute
lannée plus de 100.000 touristes. La promenade rituelle
sur la colline de Pipet, belvédère naturel qui domine le
théâtre antique, permet dembrasser en un regard la
beauté et le caractère exceptionnel du site. Au premier plan,
lenchevêtrement de toits, de porches, déglises, de
vestiges romains témoigne de dix siècles dhistoire. Plus
loin, les quartiers récents épousant les méandres du Rhône,
puis les cheminées dusines, les vignobles de Côte-Rôtie
et de Condrieu, et enfin les hauteurs du Pilat et les monts du
Lyonnais. Le panorama est saisissant. Paysages urbain, industriel,
médiéval et antique se côtoient avec sérénité.
Indissociable du Rhône et des cinq collines qui la surplombent,
Vienne est une des villes les plus anciennes de lIsère :
des installations humaines sont observées dès le V° siècle
avant notre ère. Deux cents ans plus tard vers le III° siècle
avant Jésus Christ, Vienne appartient au peuple gaulois des
Allobroges qui en font leur capitale. Mais cest lempire
romain qui fait sa gloire et sa richesse, comme en témoignent
encore des monuments qui comptent parmi les plus imposants du
monde gallo-romain : temple dAuguste et de Livie,
théâtre antique, odéon, pyramide du cirque de 460
mètres de long qui accueillait les courses de chars sont
toujours érigés au cur de la cité. Sur près de deux
hectares, le forum renfermait les bâtiments essentiels à la vie
religieuse et politique.
Avec une population estimée à 30.000 habitants à la fin du
II° siècle de notre ère, soit autant quaujourdhui.
Vienne fut lune des plus grandes villes de la Gaule. Riche
et commerçante, elle aligne ses rues bordées de trottoirs, des
boutiques, un port, des quais et des alignements
dentrepôts ainsi quun complexe thermal et des villas
luxueusement décorées. De cette époque fastueuse, elle a
conservé un patrimoine archéologique reconnu comme un des plus
riche de France : on peut le découvrir au musée des Beaux
Arts, au musée Saint-Pierre et au musée et cloître roman de
Saint-André-le-bas. Quant à la célèbre collection de
mosaïques viennoises, elle est exposée au musée et sur les
sites archéologiques de Saint-Romain-en-Gal.
Au Moyen Age, Vienne est surnommée la sainte, réputée par
lancienneté de sa communauté chrétienne, ses premiers
monastères et la sainteté de ses premiers évêques. En
héritage, ils laisseront de nombreux édifices religieux tels
les églises de Saint-Pierre et Saint-André-le-bas, ou encore la
cathédrale primatiale Saint-Maurice, fleuron de lart roman
et gothique du Dauphiné. Placée sous la protection de
lempereur germanique, la cité ne passe sous la domination
des rois de France quau milieu du XV°
La ville prend un nouvel élan au XVIII° siècle, avec le
développement dans le quartier de la vallée de la Gère
dindustries métallurgiques et surtout drapières. Cet
essor économique saccompagne dun reprise
démographique : la population passe de 7.500 habitants en
1715 à 11.300 en 1790, pour atteindre 20.000 en 1860 et plus de
24.000 au début du XX° siècle. Aujourdhui ville moyenne
de 30.000 habitants, Vienne est une sous-préfecture de
lIsère, où siège une chambre de commerce et
dIndustrie, une chambre des métiers et des tribunaux.
Depuis près de deux mille
ans, le développement économique de lagglomération est
intimement lié à sa situation stratégique à
lextrémité nord-ouest du département de lIsère,
à 30 km au sud de Lyon, à 90 km au nord-ouest de Grenoble, à
70 km au nord-est de Saint-Etienne, à 70 km au nord de Valence.
Un carrefour de vallées, au confluent du Rhône et de la Gère,
propice pour développer marchés, foires et industries, en
particulier le textile. Vienne reste aussi un point de passage
obligé pour le transit des marchandises et les déplacements des
voyageurs vers la « grande bleue ». A 30 minutes de
laéroport international de Lyon Saint-Exupéry, sur
laxe routier et autoroutier nord-sud qui traverse
lhexagone, Vienne est encore idéalement placée pour le
tourisme. Les Anglais et les Néerlandais sont les premiers à
apprécier la halte.
Mais
le tourisme fluvial se développe aussi fortement depuis quelques
années avec les croisières sur le Rhône. Onze bateaux par
semaine avec 200 touristes à bord, essentiellement américains,
accostent à la halte nautique pour visiter lancienne
capitale des Allobroges.
Lintense activité culturelle renforce encore cet attrait :
avec trois théâtre, une école de musique, des expositions et
pas moins de trois festivals Sang dEncre, le
Festival de lHumour en mars et Jazz à Vienne en été
, la cité vibre tout au long de lannée. Du 30
juin au 13 juillet 2004, la 24° édition du Jazz à Vienne
rassemblera 150.000 spectateurs, journalistes, artistes et férus
de jazz venus des quatre coins du globe, dont 90.000 au théâtre
antique. Cest ainsi que Vienne est connue en Australie, aux
Etats-Unis, en Suède ou en Nouvelle-Zélande !
Si la cité rhodanienne mise sur cet atout touristique, elle
possède dautres cartes à son jeu. Sur la colline du mont
Salomon, non loin des ruines du château de la Bâtie du XIII°
siècle, le Centre Hospitalier Lucien Hussel, dominant la ville,
est le premier employeur de la région avec 1.336 salariés.
Principalement tertiaire, Vienne possède aussi quelques
industries réputées comme Béal, leader mondial de la corde
descalade, Celette, inventeur du marbre automobile ou
lusine Yoplait Candia, qui sétend sur 12 hectares.
Et la municipalité sattache à limplantation dentreprises
de haute technologie à lespace Saint-Germain.
Le commerce est aussi toujours prospère, avec un centre-ville
dynamique proposant quelque 600 enseignes. « Nous avons
maintenu depuis 1000 ans une forte tradition de marchés, malgré
la proximité de Lyon et des grandes surfaces »,
constate Laurent Lagrange à la chambre de commerce et
dindustrie. Dès les lueurs de laube le samedi matin,
le cur de la cité se ferme à la circulation automobile
pour laisser place au plus grand marché Rhônalpin. Investissant
tous les axes principaux, les rues et les places, il offre 2,4
kilomètres détals colorés et odorants ! Enfin,
Vienne est une ville enseignante : 5877 élèves sont
accueillis dans les établissements secondaires publics avec
quatre collèges, trois lycées et un IUT et les établissements
privés scolarisent 4839 élèves. « Nous avons la
volonté de voir se développer lIUT et donc le nombre
détudiants, en leur assurant laccueil et les
services dont ils ont besoin », souligne Jacques
Remiller, député-maire de Vienne.
Sous limpulsion de Louis Mermaz, maire de 1971 à 2001, la
réhabilitation fût au cur des objectifs de la ville tout
comme le ravalement des façades. Plusieurs bâtiments de la
vallée de la Gère désaffectés par la crise industrielle
furent transformés, comme lusine Vaganay en salle de
sports. Afin de sauvegarder lensemble des chefs
duvre du patrimoine viennois, un grand projet de
restauration soutenu par le Conseil général de lIsère
est actuellement à létude. Cette opération, qui
constitue lun des plus gros chantier patrimoniaux de France,
sétalera sur plusieurs années, avec des retombées
économiques et touristiques énormes.
Vienne embellie doit prendre la place quelle mérite dans
le paysage culturel européen.
Par Christèle Thibaud, dans ISÈRE-magazine de février 2004